Pourquoi et comment le gouvernement crée 3 à 4000 chômeurs en silence dans l’industrie photovoltaïque.

Crédit flikr : http://www.flickr.com/photos/knowmybackyard/2394376192/

 

La théorie du chaos théorise le fait que “le simple battement d’ailes d’un papillon au Brésil pourrait déclencher une tornade au Texas”. C’est un peu ce qui s’est passé en effet 15 jours après la décision du gouvernement sur la nouvelle réglementation sur l’énergie solaire, l’accident nucléaire de Fukushima vient donner un éclairage nouveau à la décision du pouvoir dont le président avait déclaré il ya quelques mois “Là où nous dépensons un euro pour le nucléaire, nous dépenserons un euro pour la recherche sur les énergies propre”  des paroles .. paroles

http://www.youtube.com/watch?v=eizsLjcynVI&feature=player_embedded

La fin des vacances s(c)olaires : quelles explications à une décision incohérente du gouvernement sur l’industrie solaire:

En annonçant la série de mesure qu’il compte prendre à la fin du moratoire le gouvernement à plonger l’industrie dans la stupéfaction.

Sensiblement aucune des mesures suggérées par les professionnels pendant les 3 mois de concertations (la pseudo concertation devient un style gouvernemental) n’a été reprise.

En fin d’article vous trouverez quelques exemples:

Et certaines mesures semblent vouloir la mort du photovoltaïque et du tissus industriel lié.

La question qui est venue sur toutes les lèvres c’est : Pourquoi ?

Pourquoi si peu d’attention et de volonté de développer une filière source d’emploi ?

Les témoignages des professionnels de leurs discussions avec les hauts fonctionnaires lors des différents salons (salon des énergies renouvelables) et des conférences de presse montrent à la fois une ignorance du terrain, une condescendance et faible capacité d’écoute de la part des hauts fonctionnaires.

La seule esquisse d’explication que je vois sont :

1.       La médiatisation faible de ce secteur

2.       La main mise du lobby nucléaire ou du moins d’une pensée unique défendue par des acteurs clés au sein des hautes administrations.

La médiatisation faible de ce secteur

En effet le panneau solaire semble encore perçu comme un gadget ou pire une niche fiscale qui est subventionnée par les consommateurs au profit des plus riches (possesseurs d’une maison individuelle et investisseurs dans des panneaux solaires) comme l’a montré la dénonciation récente de la CSPE.

Et pourtant ce sont environs 22 000 emplois qui sont concernés.

Les acteurs font remonter environs 3  à 4 000 licenciement déjà engagés par le moratoire mais si les décisions restent en l’état ce sera probablement plus.

Il était inévitable de voir un dégraissage et donc des licenciements dans le secteur mais ils sont passé sous silence par la grande presse généraliste  alors qu’elle n’hésite pas à titrer sur les gesticulations inutiles de ministre à propos de licenciements qu’ils ne pourront éviter. Leur attribuant ainsi une bonne volonté factice (les ministres ne sont pas dupes) et faisant croire à un quelconque pouvoir des politiques sur ce sujet.

Exemple : Molex liquidé, Estrosi outré

http://www.latribune.fr/actualites/economie/france/20101013trib000561126/molex-liquide-estrosi-outre.html

RÉACTION – Molex répond sèchement à Estrosi

http://www.lepoint.fr/economie/reaction-molex-repond-sechement-a-estrosi-27-10-2010-1255125_28.php

Peut être l’industrie solaire et les industries renouvelables n’ont elle pas suffisamment communiqués sur leur vertu économique triple à savoir des emplois sur le territoire, une protection contre les évolutions futures du prix de l’énergie (y a-t-il encore des gens qui se posent des questions ?) et la suppression d’une opération importatrice de notre balance commerciale.

Question : Comment sortir de cette situation ?

La piste éducation et communication est à mon avis une bonne piste :

  • Lobbying auprès des élus locaux
  • Fourniture de kit d’éducation à l’attention des écoles et collèges par les organisations professionnelles concernées.
  • Campagne médias de tous types : presse tv / net sur les bienfaits de cette nouvelle économie.

Une fois atteint un certain niveau de notoriété, il deviendrait difficile pour le gouvernement de tirer le tapis sur une série de mesures quasi criminelles pour le secteur.

La main mise du lobby nucléaire ?

Peut être y a-t-il en haut lieu une sorte de pensée unique qui considère que le photovoltaïque n’est qu’une danseuse dans le PEF Paysage Energétique Français et qu’il convient de resté focalisé sur le nucléaire. Pas vraiment un lobbying mais plutôt une incompréhension des enjeux futurs et de l’aspect souple et décentralisé de l’énergie (et de tout le reste d’ailleurs) dans le monde futur.

Les propositions clés du gouvernement :

Pour les installations supérieures à 100 kw :

Pour les toitures entre 100 et 250 : Il n’y plus de tarif de rachat. Le système fonctionnera par adjudication : le prix bas sera le seul critère. Une mauvaise nouvelle pour la qualité des installations. Une bonne nouvelle pour les panneaux chinois ?

Pour les toitures au delà de 250 KW

Il n’y plus de tarif de rachat mais un fonctionnement par appel d’offre. (L’appel d’offre donnant droit à un tarif de rachat)

Ces appels d’offre sont des procédures complexes, lourdes, et longues. Elles vont de facto éliminer les entreprises les plus faibles mais aussi semble t il les PME qui n’auraient pas la trésorerie suffisante. Il ne restera que les grandes entreprises publiques adossées à des financeurs institutionnels pour mener à bien de tel projet. Une décision assez vicieuse.

Pour les autres segments :

Le résidentiel est déplafonné jusqu’à 36KW :

C’est plutôt une bonne nouvelle. Concrètement cela signifie que les particuliers ne seront plus limités à 3KW soit 25 à 30  m² de panneaux. Ce système a entrainé l’installation de 100 000 toits avec un “timbre poste” (de 20m²) de panneaux solaires. Disons qu’en toute logique tant qu’à monter sur le toit, le démonter, retravailler son étanchéité pour l’adapter à des panneaux solaire, toucher au réseau électrique et bien tant qu’à faire, autant maximiser la surface posée.

Or ceux qui ont installé des panneaux sont ils prêts à réinvestir dans l’installation de panneaux supplémentaires ?
Le crédit d’impôt et le tarif de rachat ont boosté des installations qui ne représentent qu’une faible production même de la consommation du foyer qui supporte les panneaux.

Rapide calcul : 2 700 à 3 600 kWh de production annuelle d’électricité photovoltaïque pour une maison individuelle alors que la consommation d’énergie (toutes énergies) par foyer pourrait être estimée à  19 000 kWh en fonction du mode de chauffage et de la performance de la maison. Donc 5 à 7 fois moins. Et ce calcul n’est qu’une moyenne car le moment où l’on consomme ne correspond pas forcément à un moment ou les panneaux produisent)

(source à droite à gauche sur le net : estimation de la consommation en énergie (toutes énergies) par le secteur résidentiel http://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/rubrique.php3?id_rubrique=464 cliquez sur Consommations d’énergie du secteur résidentiel et tertiaire par usage en 2008 Divisée par le nombre de foyers : 25.9 millions nous obtenons 19 000 kWh )

Mesures transitoires :

Le gouvernement a gelé un certains nombre de projet. Les professionnels ont demandé à ce que ces projets bénéficie de conditions intermédiaires proches de celles ayant déclenché leur mise en étude.

Le gouvernement à refusé ce point : Les projets en suspend et bien qu’ils aient engagés des sommes importantes de travaux d’études se retrouvent avec des conditions financières modifiées totalement du jour en lendemain : La parole de l’état n’a ainsi aucune valeur.

Attestation de disponibilité des fonds de 100% de la somme au moment de l’entrée dans la file d’attente soit plusieurs mois avant l’autorisation et avant les travaux …. :

Cette exigence va tuer les projets autres que ceux portés par de très grands groupes (filiales de EDF, Total, Suez, …) Quel banquier apporterait ce genre de garantie à une étape ou le projet n’est pas encore définitivement validé.

Les professionnels avaient demandé le blocage de 5% de la somme ce qui semblait être plus pragmatique.

La cohérence gouvernementale :

La politique est un art difficile. Il faut à la fois se maintenir au pouvoir et de l’autre essayer de prendre des décisions pas seulement opportunistes.

Donc nous avons d’un côté une politique énergétique à revoir et de l’autre la nécessité des élus de prouver aux électeurs une efficacité gouvernementale autour du pouvoir d’achat évalué  notamment au travers du PIB dont par ailleurs on sait que plus le PIB augmente le mieux nous détruisons la planète. …. (Rappelons que pêcher les poissons jusqu’à épuisement des stocks permet l’augmentation du PIB)

Le cadre du débat de notre avenir ne semble pas encore bien posé par les médias, les politiques et les entreprises et nous citoyens.

 

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