Table ronde à l’occasion du 11e colloque “Energies renouvelables : nouveaux chemins de la croissance” qui a eu lieu le 19 janvier dernier organisé par le syndicat des énergies renouvelables.
Energie renouvelable et croissance, énergies renouvelables et emploi, développement durable et emploi, croissance et économie verte autant de terme repris lors de cette discussion.
Liste des intervenants : repris par leur initiale dans le texte PC BM MP PFC etc.
Le débat a commencé avec une question sur la situation actuelle :
PC : la crise de 2009 ce sont 3500 milliards de dollars perdus par les banques. Depuis d’un point de vue macro économique nous avons quasiment un retour à la normale avec une croissance de 10% de la Chine et des résultats annoncés par les banques qui montre une santé nettement améliorée.
La Chine tire le monde 3 des 5 plus gros deal annoncés dans le commerce mondial sont fait par les chinois.
L’autre moteur ce sont les USA. Ils sont à 2 2,5% de croissance ce qui est faible et obtenu grâce au plan de relance d’Obama. Il ne voit pas de reprise de l’investissement. On ne voit pas de nouveaux moteur se mettre en place à l’identique des NTIC dans les années 90. Selon lui les USA ne seront pas un moteur de croissance fantastique en 2010 2011.
En face l’Europe n’existe pas, nous n’avons pas eu de plan de relance européen, mais la France s’en tire bien en ayant eut la récession la plus faible de toute la zone OCDE.
La maison brule, il n’y plus d’argent.
BM :
L’argument qu’il faut selon lui ne pas retenir et celui ci : “Il ne faut pas toucher à la croissance car c’est la porte de sortie pour l’humanité parce que sinon on touche à l’innovation”.
C’est justement parce que c’est la crise qu’il faut réfléchir autrement.
Il ne faut pas penser la sortie de crise avec les méthodes qui nous ont amené à la crise ! Même si nous n’avons pas d’argent dans les caisses. (je remarque que même quand ce n’est pas la crise nous n’avons pas plus d’argent dans les caisses)
Il y aura des besoins des efficacités énergétiques?
Il ya une pédagogie de la catastrophe mais il faudra une nouvelle crise bancaire pour amener les changements.
Images du monde :
Dans notre monde actuel on trouve du pétrole, la Chine, un état gendarme, un contrat fordiste, un trader et un prolétaire, une classe moyenne qui s’appauvrit, la propriété privée, le logiciel propriétaire.
Nous allons vers un autre monde :
Les énergies renouvelables, les USA un peu, l’Europe à peine, un contrat entre génération, nous serons débiteurs de nos enfants, un état mondial fort peu probable, les collectivités locales, le chercheur, l’entrepreneur, et l’artisan. “Le banquier sera ligoté dans le coffre” (sic), la SA mais avec des formes plus coopératives, le logiciel libre.
Question : Le contrat intergénérationnel dont parle BM.
PC : sort un livre qui porte le nom de son petit fils. (Le siècle de Jules )
Son petit fils connaitra la stabilisation de la population mondiale. Le monde aura touché ses limites en termes de ressources naturelles. Le défi alimentaire sera le défi majeur de la planète car il faut doubler la production alimentaire.
Les Cassandres actuels disent des “conneries” sic car les hommes ont toujours su contourner les difficultés. Il ne nous est pas possible de savoir quelles seront les solutions techniques qui naîtront de la contrainte actuele.
Question : sur les choix du gouvernement
PFC commence par une anecdote sur un bon slogan remarqué à Copenhague, “There is no planet B”
L’objectif est d’avoir 23% d’énergies renouvelables en 2020.
La répartition est fixée, La feuille de route c’est l’arrêté PPI signé à Copenhague le 15 Dec dernier.
Toutes les informations sur le sujet sont librement accessibles sur legifrance.
PFC développe la notion du juste tarif qui ne fait ni de rente indue, ni rend inintéressant le développement de ces nouvelles technologies. L’autre point est de rendre environmentalement acceptables les conditions. Les conditions doivent être simples et robustes.
Le contenu emploi est regardé de prêt. Il va y avoir une greenteam au ministère pour aider les industriels à embaucher sur le territoire.
Second point de vigilance. La qualité et la durabilité des installations énergies renouvelables. Cela renvoi à des questions de formations mais aussi un non recours à l’effet d’aubaine.
Le 3° point : c’est le volet R&D au travers du grand emprunt notamment.
QUESTION / L’europe est elle prête ?
BM : note que la notion de juste prix est une notion nouvelle ou très ancienne mais qui est adaptée à notre époque.
La France est elle adapté à ce nouveau challenge ? Il croit que la France a vraiment des atouts en raison de son colbertisme, parce que sa tradition de coopération entre les agents économiques et notre état interventionniste tant décrié devient aujourd’hui un atout formidable.
Par exemple la “planification indicative” notion gaulliste a porté le ferment de grands projets industriels dont on a tiré les profits des décennies entières. (je rajouterai que 65 millions de morts et la destruction complète de régions industrielles ont contribué à donner de l’emploi à beaucoup de monde…)
PC :
Partage la vision que l’interventionnisme de l’état a contribué à la performance de l’économie française.
Question : Peut-on imaginer un remake de cette histoire sur les énergies renouvelables ?
1- L’Europe est un échec en terme de projets mais une réussite en termes de la concurrence. Peut-on le faire encore aujourd’hui.
2- Les clusters allemands sont performants, les districts italiens aussi.
Les pôles français sont venus du top down il faut que le local se l’approprie contrairement à ce qui se passe en Allemagne ou en Italie.
MP : réagit sur la vision de planification/ programmation.
MP dirige le commissariat général au développement durable une structure transversale de 550 personnes !! Au sein de Bercy. (Light is right ?) J’aimerais bien savoir à quoi servent ces 550 fonctionnaires..
J’ai cru comprendre que sa mission était de faire passer le message développement durable dans les ministères.
MP note qu’aujourd’hui on parle de stratégie plus que de planification. D’une manière générale cette personne avait des interventions longues et verbeuses dont je ne saurais vous rendre compte n’ayant pas moi-même suivi les formations de l’ENA.
Le juste prix par exemple est difficile à définir car la situation change très vite et les décisions peuvent devenir obsolètes.
C’est à ce moment que d’autres intervenants arrivèrent sur le plateau
Jean Pierre Bompard de la CFDT
Arnaud Gossement de France Nature Environnement
Jean Pierre Chardon, président du pole de compétitivité tenerrdis et ….sénateur mais aussi président de schneider électrique
L’autre partie du débat était “Est-ce que la politique de développement durable est favorable à l’emploi.
JPC répond en tant que représentant des industries électriques à l’attaque sur les pôles de compet.
Il est d’accord sur le fait “bottom up” , et la démarche publique a un peu formalisé ce qui se passe en Rhône alpes.
Le pôle de compet doit faire émerger des technos qui n’émergeraient pas toute seule et favoriser l’industrialisation. Certes mais une fois qu’il a dit ça…
On note aussi d’autres pôles de compétitivité liés aux énergies renouvelables : Derbi et cap horizon en région PACA. (4 en tout)
[Je note que les pôles de compétitivité étaient dans leur concept des pôles de niveau international. Le clientélisme politique a dévoyé le concept en faisant bien trop de pôles au niveau national. Vouloir générer une synergie entre pôle est un non sens. Le pôle ayant lui-même pour but de créer une synergie. C’est rajouter des couches administratives a d’autres couches administratives alors que le concept est de briser les barrières administratives notamment entre la recherche et les industriels ou entre les universités et les industriels.]
JPB : Commence a parler du plan Messmer de 1974 dont il garde un mauvais souvenir. J’avoue avoir peu de bons souvenirs de 1974, ni de mauvais d’ailleurs. “Wake up guys it’s 2010 !!” enfin pour ceux qui veulent savoir de quoi il en retourne j’ai trouvé cela sur le plan Messmer dont je ne garantis pas l’impartialité.
Le volume de création d’emploi annoncé est variable suivant les rapports. Quelques dizaines d’emplois selon l’étude Syndex lancé par la CFDT à plusieurs centaines de milliers selon le gouvernement
Pour lui le risque est que cet élan vers les énergies renouvelables soit perçu comme une désindustrialisation du pays. Certains secteurs ont l’impression qu’on fait une croix sur eux pour passer à une économie de service qui serait forcément plus “décarbonée” au dépend de nombreux salariés. Il pourrait y avoir de nombreuses réactions négatives.
La nouvelle économie doit être lisible par les secteurs traditionnels et plus précisément par les salariés de ces secteurs traditionnels.
Comment garantir à des individus qu’ils vont changer de métiers sans se retrouver à la rue. C’est de la négociation entre les partenaires sociaux et l’état.
Il ne faut pas faire passer un contrat intergénérationnel devant un contrat à l’intérieur de notre même génération.
La CFDT juge le bon niveau du nucléaire à 60%. Notre modèle n’est pas exportable en Europe où le nucléaire n’est pas du tout accepté comme en France.
PC : répond à la dénégation de reprise économique :
Nombre de nos grandes industries nationales vont dans le meilleur survivre mais l’emploi n’y survivra pas. Nous sommes dans une période de transition.
AG :
Il rappelle que les français sont friands de lois. Il décrit un empilement de texte, une inflation réglementaire qui n’est pas bonne. La preuve est que la taxe carbone a été rejeté pour des raisons techniques et non pour l’objet.
Il y a de nombreuses exceptions qui dénaturent les objectifs premiers (par exemple le fait de laisser aux communes la mise en place de périmètre protégé ou le solaire sera interdit pour des raisons de protection des paysages permet à une commune de retourner complètement l’esprit de la loi)
On a beaucoup progressé du pt de vue politique ou économique mais il faudrait un “Grenelle du droit de l’environnement” pour faire face à la floraison de textes) on a un droit en retard bouillonnant, complexe et inadapté aux réflexions économiques menées ici.
On doit avoir un droit efficace.
Les juristes étaient absents à Copenhague pour dire comment construire une règle du jeu stable claire et précise de manière à atteindre les objectifs fixés par le gouvernement.
Larges applaudissement dans la salle.
BM :
Que vont devenir nos entreprises et les acteurs énergétiques. Ils restent dans leur rôle d’inventeur et d’innovateurs. L’état, la France ne peut pas agir toute seule, l’Europe c le couple France Allemagne qui représente 70% du PIB européen. L’avenir de l’intervention publique c’est le couple France Allemagne auquel se grefferont les autres.
L’économie verte devra trouver un nouveau contrat de travail entre le capital et le travail une sorte de flexisécurité. Il faut contourner les règles du dumping.
Il ne croit pas au couple Chine USA décrit par PC, La dictature ne peut être une locomotive.
PC :
Les grands projets qui ont fait l’Europe sont derrière nous. Nous avons une Europe de textes et de la concurrence et qui ne fait pas rêver. Elle oppose plus qu’elle ne lie.
Il reconnait le besoin d’une simplification juridique.
La relation juste prix Prix de marché est une inconnue : il n’existe pas dans la réalité. Car le prix est toujours la rencontre d’une demande et d’une offre.
Il se demande : Faut-il tout confier tout au marché ? Par exemple le prix de l’électricité en Europe.
Il y a des biens dont le prix ne peut être confié uniquement à la sagesse du marché.
(Quelle conclusion !! : si PC s’interroge, cela remet en cause pas mal de fondements pour les libéraux ?)
Boris Ravignon , conseiller du président au développement durable conclut la matinée sur les convictions du président. Grand moment de solitude pour ce Monsieur dans une salle rassasiée par ce long débat très vivant et animé par l’humour de la joute verbale de PC et BM qui ont l’air d’être malgré tout assez proche humainement.
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