Dans un article très bien construit mais (ou ET ) fort long un des rédacteurs du pacte écologique de la Fondation Nicolas Hulot, un des “économistes” (bien qu’il n’en ait pas les diplômes) de la Fondation et également auteur de quelques ouvrages décapants dont je vous recommande notamment “C’est maintenant” titre nul qui sonne comme une chanson d’adamo pour une excellente réflexion autour des conséquences potentielles du réchauffement climatique, de l’épuisement des énergies fossiles et de la raréfaction des ressources minières, et bien ce monsieur dézingue la presse dans un très violent article.
Pas d’avocat commis d’office pour le GIEC
Dans cette longue page Jean Marc Jancovici constate avec raison que quand les journalistes s’en prennent à une personne celle ci peut répondre mais que quand la presse s’en prend a un raisonnement intellectuel d’un organisme notamment quand il est international, le crime paie : aucun risque de retour de bâton (en tout cas de procès) à raconter n’importe quoi.
Un bon scandale paye plus qu’un bon débat
Allegre est surtout une garantie d’audience pour les médias. Il fait le cirque et le fait bien et cette vue à court terme est très dommageable.
Le climat est un sujet complexe : on s’improvise pas spécialiste
JM Jancovici rappelle le long processus de validation qui permet aux théories scientifiques d’être reconnues par leur paires et ensuite par le grand public quand il est concerné.
Force est de reconnaitre que M. Allègre n’entre pas dans cette catégorie là et que s’il y a des arguments recevables, il ne peut prétendre aujourd’hui à une reconnaissance de ses théories par le milieu scientifique.
Plutôt que de paraphraser plus longtemps son article je vous propose de le lire ici.
Les journalistes ont ils une once d’autocritique ?
Je me demande quelles pourront être les retombées d’une attaque si violente envers les journalistes. Car la planète (question de climat mais surtout d’épuisement des ressources énergétiques et minières) a besoin de la presse mais la presse n’a pas de compte à lui rendre.
les journalistes sont seuls maitre à bord et une mise à l’index de ce monsieur ou de ses co-hallebardiers n’améliorerait rien.
Les entreprises de presse sont avant tout des entreprises et nous sommes confrontés chaque jour à la vacuité du débat public que la presse entretien notamment dans le domaine politique.
La limite de l’argumentation de JMJ est à mon avis dans la part d’inconnu qui persiste et qui laisse une marge de manoeuvre aux climato sceptique et d’autres part les conséquences économiques et sociales violentes que nous prédit sont elles finalement aussi peu rigoureuses que celles qu’il dénonce.
Quelle solution a ce débat dans le débat qui bloque plutôt les choses ?
Je suis mitigé quand à la solution car le lovacalculator de Yadeos ne donne que 23% de compatibilité entre Claude et Jean Marc alors que le lovetest de Rêves d’ange nous promet 90% d’entente.
Peut être n’y a t il que ELLE Astro pour y voir clair dans tout ça. En effet ELLE nous prédit que “le bonheur est possible” mais après “une longue recherche”….et que “les parties s’entendent souvent pour critiquer les autres” !
Enfin moi je dis ça, je dis rien…
Tags: Allegre, climatosceptiques, Jancovici, journalisme, presse
Pour être précis. Les journalistes en poste comme les pigistes cotisent à des fonds de formation. Mais 1) il est très difficile pour un pigiste de faire valoir ses droits à la formation (comme pour tous les précaires j’imagine);2) les formations de journalistes portent essentiellement sur la forme et il n’existe pas de système de formation adapté pour le renforcement des connaissances disciplinaires (et notamment scientifiques). Cela revient à dire qu’il n’existe pas de système de formation sur le fond.
Enfin les réseaux sociaux qui sont aussi un mode de mise en commun d’intelligence incontestable, ne remplaceront jamais la mutualisation intellectuelle d’une machine à café, d’une pose clope ou d’une salle de réunion. C’est différent et il faut aussi apprendre à s’en servir… Il n’en reste pas moins que l’atomisation de la presse est un phénomène qui n’est pas à négliger quand on la met en cause et en question. Bien à tous FD
intéressant.
Merci.
On ne connait pas forcément les rouages internes de la presse.
Il est étonnant que les journalistes ne disposent pas de budget formation comme la plupart des salariés, au moins quand ils sont salariés.
Et pour les pigistes ce devrait de même faire partie de leur cotisations sociales.
mais pas tout à fait d’accord avec le fait que les possibilités d’échanges se réduisent avec le travail à domicile. C’est quand même l’année des réseaux sociaux !
Bonne Journée
LD
Que peuvent et que font les journalistes ?
Individuellement en tant qu’électron du complexe médiatique, pas grand-chose.
On pourrait juste leur demander de faire un peu plus souvent jouer la carte de l’intelligence collective en échangeant librement entre confères pour évaluer leur info et leur position.
L’isolement intellectuel est le principal obstacle des journalistes spécialisés. Ils sont toujours été plus ou moins seul « spécialistes » dans leur rédaction. Avec le développement des rédactions virtuelles qui n’existent que sur le papier avec des journalistes qui travaillent de plus en plus souvent à la maison, les possibilités de libre échange intellectuel se réduisent encore. De plus cette pratique d’échange d’info n’est pas dans la culture de la corporation. Les journalistes dépendent de titres de presse qui sont toujours d’une manière ou d’une autre –notamment pour la pub- en situation de concurrence.
Toutefois, les associations de journalistes spécialisées, dont notamment l’AJE (association des journalistes de l’environnement) qui depuis plus de 15 ans organise (entre autres des sessions de formation) sont un début de réponse. Cependant, outre le fait que les associations ont peu de moyens, le principal facteur limitant est le manque de temps que des journalistes (précarisés et mal payés) peuvent consacrer gratuitement à des journées de formation sans avoir une pige à écrire au bout.
La question vaut pour la presse mais pourrait aussi se poser pour tous les travailleurs précarisés. Ce serait un bon sujet de réflexions pour des politiques qui voudraient tenter des approches nouvelles pour une économie nouvelle…
La majeur partie des journalistes ne pourront jamais bénéficier de la formation continue parce que son accès n’est pas facile pour les pigistes multi-patrons … Et puis surtout parce que les offres de formation ne sont pas adaptées à l’amélioration de la qualité de l’information. Elles sont essentiellement orientées sur la forme, jamais sur les connaissances disciplinaires. Un journaliste spécialisé est presque toujours condamné à des pratiques d’autodidacte… Le journaliste est poussé par le système à faire comme si il avait la science infuse. C’est surement une raison de l’incapacité de la presse à s’autocritiquer. Si elle commence à se remettre en cause, elle sera très vite à nue…
Force est de constater qu’il n’y a presque aucune plateforme d’échange entre le monde de la presse et celui du savoir (que par commodité j’appelle universitaire). Pourtant la vulgarisation fait partie des missions obligatoires de l’université. Il y aurait surement des choses à faire. Mais cela ne peut pas s’envisager très longtemps sans aborder la question de la rémunération des journées de formation pour les journalistes.
Un électron pas toujours libre de la presse ne peut pas grand-chose. S’il se met en nuage, en cloud, les choses peuvent être vues différemment.
François Delaunay
Merci pour ce long commentaire.
Jancovici parle de la presse grand public. Oui je pense. C’est malgré tout elle qui influe le plus l’opinion public.
Il pourrait s’appuyer sur les spécialistes qui sont probablement acquis à sa cause pour influer ceux des grands médias. C’est vrai ce serait une bonne stratégie. Serait il un peu condescendant avec la presse en général ? Je ne sais pas.
Quand à la deuxième partie de votre remarque sur le fait que les journalistes sont plus victimes qu’acteur dans le jeu d’influence des pouvoirs sur les médias :
Cette remarque me rappelle une réflexion de JF Kahn : “Il faut aider les journalistes à mieux faire leur métier, et non pas les dénoncer”
Ca rejoint votre propos.
Problème : je ne vois pas trop comment et ce n’est pas trop le soucis du lecteur lambda.
Question : et les journalistes eux que font ils ?
ils semblent plus s’accommoder de la situation que la combattre. je dis ça avec un regard tout à fait extérieur n’étant pas journaliste. peut être se mofondent ils peut être font ils des choses mais je ne suis pas au courant.
Les journalistes scientifiques ont il pris leurs confrère des grands médias entre quat’zyeux pour leur expliquer la vie et qq principes sur le climat ?
Comment les journalistes comptent il reprendre ce quatrième pouvoir ?
Je ne vois pas leur stratégie pour l’instant.
Et en tant que lecteur je vois seulement 2 3 gros sites (rue89, bakchich, ASI) et un paquet de bloggeurs qui s’affranchissent de la soumission au pouvoir médiatique.
Situation transitoire jusqu’à ce que les français comprennent / acceptent de payer l’information sur internet au lien de râler dans leur coin ?
Cordialement
LD
Critique, critique !
Les journalistes seraient donc des ignares, proallègres et climatoseptiques par fainéantise intellectuelle. Il est indéniable que le bagage scientifique du journaliste moyen voyage plus souvent en cabine qu’en soute. Pour beaucoup la « règle de trois » tient même de l’ésotérisme… Mais ils ont d’autres qualités…
Jancovici, polytechnicien, peut à bon droit, être scandalisé par la place accordée au chasseur de Mammouth, Claude Allègre. Mais dire et répéter que c’est à la complaisance des journalistes qu’il doit son audience, c’est aller un peu vite en besogne. Certes, nous avons dans la corporation de gentils néophytes de l’environnement et du développement durable qui se laissent piéger avec plus ou moins de plaisir dans de faux-vrais débats, et quelques expéditeurs qui par paresse intellectuelle ou faute de temps se contentent d’interviewer toujours les mêmes « bons clients ». Il est évident que l’organisation des débats avec « un pour – un contre » tient souvent plus du (mauvais) théâtre que de l’information.
Mais comment les journalistes que Jancovici dit vouloir épargner ne se sentiraient pas visés s’ils n’ont pas fait Polytechnique et n’ont pas le bonheur de savoir (avant de chercher sur google) ce qu’est l’ « enthalpie ». Pourtant il y a de nombreux journalistes spécialisés qui suivent depuis parfois plus de 20 ans la question du réchauffement climatique et qui même sans être des spécialiste de la thermodynamique, ne se laissent pas abuser par les effets de trompe du premier pachyderme venu. Mais qui reconnaîtra leur travail, si même, un bien informé comme Jancovici se contente d’évoquer leur existence sans les citer ?
Mais avant de d’enfoncer le doigt sur l’absence de « prérequis » des journalistes, on pourrait aussi s’interroger pour savoir si la place prise par le mammouth du climat n’exprime pas, avant l’heure, le sentiment exprimé par l’agacement présidentiel « l’écologie ça commence à bien faire ». On pourrait aussi se demander s’il ne s’agit d’une forme de rétroaction face à la place prise dans les médias par des lanceurs d’alertes plus ou moins spontanés et incontrôlés. Claude Allègre n’a-t-il pas bénéficié d’une certaine écoute en réponse à l’excès d’émotivité avec lequel les questions d’environnement ont souvent été traitées dans la presse depuis 30 ans ? La posture ultra-rationaliste d’Allègre n’est-elle pas que l’autre face d’une approche idéologique de l’écologie ?
Quand il dénonce la complaisance de la presse, Jancovici devrait, en bon scientifique qu’il est, se faire plus précis. Par presse, il veut surement dire « presse de grande diffusion et notamment télévision» puisque l’autre, spécialisée (où il existe des gratteurs de papier qui ont déjà entendu parler de « rendement de Carnot ») ne compte guère à ses yeux.
Et dans les médias de grande audience, ce ne sont surement pas les journalistes, fantassins plus ou moins exposés, qui rémunèrent les tribunes des « vedettes » barrissantes. La complaisance des médias vis-à-vis des climatoseptiques c’est plutôt dans les étages des directions qu’il faut aller la chercher. Les propriétaires de presse n’y sont plus à un conflit d’intérêt près … Ils façonnent depuis plusieurs décennies la presse comme un simple outil d’influence et de nuisance. La presse est un instrument de leur pouvoir, qui n’a pas grand-chose, notamment en France, à voir avec la fonction du supposé quatrième pouvoir. Et si les dirigeants de presse paient parfois pour accorder une place à des partisans qui nagent à contre-courant, ce n’est pas pour l’amour de la controverse, mais plutôt pour reprendre en main un instrument qui leur avait parfois échappé.
Bref, quand on parle de presse il convient, à tout le moins, de faire preuve de discernement. Il est nécessaire de comprendre à quel point les intérêts des journalistes et des dirigeants de presse deviennent de plus en plus divergeant.
Mais il est un point ou le consultant scientifique et le journaliste spécialisé peuvent se retrouver, l’intérêt qu’il y aurait, pour le citoyen et la société, à trouver un moyen de soumettre les médias à un peu plus « d’esprit de sel ». Mais attention ! Faut-il mettre les journalistes sur la sellette où le système médiatique ? S’attaquer aux journalistes, en dépit des progrès continus qu’ils devraient faire dans la maitrise des connaissances, c’est s’attaquer aux lampistes.
François Delaunay
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