Pétrole, Nucléaire, énergies renouvelables : le match des énergies. Un débat du salon planète Mode d’emploi le 25 octobre 2009.

Hervé Casterman : Directeur Environnement de GDF

Elodie Renaud : jeune ingénieur qui a réalisé un tour du monde des énergies et écrit un livre : le tour du monde des énergies.

Aurélien Barros : Animateur

Henri Prêvot : auteur de “Trop de  pétrole”. Ce livre, écrit par un expert, lie la question de l’épuisement énergétique et celle du changement climatique. Il montre que le seul vrai problème est celui du climat et que, contrairement à l’idée reçue, l’énergie fossile disponible est surabondante.
H.C. : Ce personnage très sobre à commencé par rappeler quelques grands principes des énergies renouvelables et notamment qu’elles ne doivent pas être prélevées plus vite qu’elles ne se renouvelent.

Les énergies renouvelables que l’on appelle souvent énergies nouvelles sont en fait les plus anciennes : le vent, le bois, le soleil.

Quelques ordres de grandeurs énergétiques :

1 litre de pétrole représente 10Kw c’est équivalent à un panneau solaire de 1 M2 qui fonctionnerait pendant 100 heures.

Ce qui veut dire que pour fournir l’énergie nécessaire à une maison individuelle moyenne, il faut recouvrir toute la toiture de panneau solaire.
Pour fournir l’énergie nécessaire à un supermarché il faut 10 fois la surface du toit et pour un gratte ciel 100 fois la surface du toit.

Autre exemple de compacité de l’énergie nucléaire :
Une centrale 10 MW utilise une surface de 10 hectares. Pour produire la même puissance avec des  éoliennes il faut 20 000 hectares (2 fois la surface de Paris)( petit rappel , La France fait 543 000 km2 soit 50 430 000 hectares j’y reviendrais dans un autre article.)

De plus il ya eut inflation de consommation d’énergie aujourd’hui nous utilisons communément une voiture de 100 chevaux pour nos déplacement quotidiens alors qu’au 17° nous en utilisions qu’un seul.

Croissance de la consommation au niveau planétaire.

En 1700 : 100 Millions de Tep
1800 : 200 millions de Tep.
1900 : 1 000 millions de Tep.
2000 : 10 000 millions de Tep.

On oublie trop souvent toute la chaine de production nécessaire à chaque énergie (Je pense que c’est probablement en raison du fait que le pétrole n’est pas produit sur notre territoire) et qui va du lieu de production en passant par la raffinerie jusqu’au lieu de vente.

Maillage de réseau, centralisation et décentralisation:

Le réseau électrique aujourd’hui est un réseau centralisé autour de gros points de productions.
Nous allons vers une décentralisation du réseau qui deviendra maillé, de type internet ou chaque point peut être producteur ou consommateur à selon les moments.

Dans un système centralisé on a acheté un droit et on est client. Le comportement n’est pas le même dans un système distribué. Chacun a une part de responsabilité dans le bon fonctionnement du système et devient co-producteur au sens propre.

Enfin HC a terminé son introduction en rappelant que le pétrole a mis des centaines de milliers d’années à se former et que l’homme va exploiter la totalité de cette énergie en 200 ou 300 ans.
Le nucléaire de même pose des problèmes puisque les déchets ont une durée de vie extrêmement longue.

En résumé Il n’y as pas d’énergie parfaite.

E.R. :
Précise que son tour du monde lui a permis de voir des innovations aussi bien en terme de production qu’en terme de consommation.

Pour elle, le pétrole a deux qualités : La densité et la transportabilité.

Les énergies renouvelables avec toutes leurs qualités ont 3 grands défauts :
Elles sont diffuses : il faut de grandes surfaces. D’où la nécessité de techno à bas prix (elle a parlé de solaire plastique a un moment je crois)
Elles sont intermittentes : le solaire ou l’éolien sont dépendant des facteurs naturels.
Leurs coûts sont plus élevés.

Parmi les avantages la proximité permet de s’affranchir des problèmes liés au transport et aux problèmes politiques (cf. coût de la guerre en Irak). C’est de plus un bénéfice économique local.
Néanmoins pour chaque ville et région on aura un mix énergétique différent et des solutions variables.

Agir sur la consommation et l’efficacité énergétique : Terme de négawatt inventé par un américain pour décrire la puissance énergétique qui réside dans l’énergie qu’on ne dépense pas….

Dans l’efficacité énergétique elle cite l’exemple de la chaleur produite pour faire de l’électricité et qui ensuite utilisée pour faire à nouveau de la chaleur.

Autre manière de voir les choses, aujourd’hui une ampoule est calibrée selon sa puissance électrique en watt alors que si nous raisonnions en termes de services on parlerait de Lumens, qui est l’unité de mesure de la lumière.

Nous nous dirigeons vers une notion de service énergétique et plus vers une notion de ressource.

H.P. :
Selon lui et dans un discours un poil rapide, saccadé,  nous serons mort de chaud si nous épuisons toutes les ressources pétrolières (ou fossiles sous réserves). La question n’est pas de savoir s’il n’y a pas assez de pétrole car il y en a déjà suffisamment pour transformer la planète en étuve.
On a une ressource qu’il ne faut pas consommer.

Il faut diviser par 2 nos émissions de GES au niveau planétaire mais par 5 dans les pays développés pour laisser les Pays du Sud se développer.

Il faut diviser par 2 nos émissions et par 4 dans les pays de l’OCDE pour laisser les autres se développer.

Selon lui faut moins émettre et non pas moins consommer (ce qui n’est pas un point de vue le plus courant…)

Selon lui le risque est qu’après avoir pris conscience de l’extrême rareté des richesses naturelles présentes sur leur sol, les quelques dizaines de nations qui en possède la majeure partie risquent de mettre un embargo qui fera monter les prix et nous obligera ensuite à nous ajuster brutalement et sans préavis. Autant donc nous ajuster avant.

Les techniques à moindre coût ne doivent pas être refusées car les pays du sud ont besoin de solutions économiques. Cette assertion semblait être un moyen déguisé de soutenir le nucléaire puisqu’après il présente une comparaison des coûts :
Selon lui Le nucléaire coute 2 fois moins cher que l’éolien.
De plus il faut adapter selon les sources et selon les pays. Le brésil malgré la déforestation est un pays ou il y a de l’espace pour faire des biocarburants en tout cas comparé à la France.
Selon lui le plus dur sera de convaincre les démocraties occidentales de payer pour réduire les émissions dans les PVD.

HC : répond à la remarque de la priorité de baisse des émissions sur la réduction de la consommation en donnant quelques ordres de grandeurs :

En 70 : 1,35 tep par habitants
En 2000 6 Milliards 9,2 milliards de tep : 1.5 tep par habitants
Les projections (en hypothèse BAU Business As Usual): 8,2 md habitants et 17 milliards de Tep soit  2,1 TEP par hab. si on ne fait rien.
L’économie des ressources et donc également une priorité.

Second point : depuis plusieurs années les prévisions de nouvelles réserves disponibles ne représentent plus qu’un tiers de notre consommation actuelle.

Troisième point : Le changement climatique impose également de moins consommer et les nouvelles énergies ne sont pas la solution à tout. Par exemple pendant 10 ans le Danemark a mené une politique volontariste sur les éoliennes. Au total au bout cela représentait 1,3 % de la consommation de l’énergie du pays. Or pendant cette période la consommation a augmenté de 1,3% CHAQUE année: 10 ans d’effort n’ont donc permis de gagner qu’un an de non pas de consommation mais de progression de la consommation.

HP : lui a répliqué que si on veut maintenir un taux de particule de CO2 (bien que l’expression ne soit pas exacte) à 450 PPM on à de l’énergie pour 200 ans. Une information qui mériterait d’être vérifiée.
Ce point de vue ne semblait pas du tout partagé par les 2 autres interlocuteurs.

ER est intervenu pour parler de l’indice de développement humain établi par l’ONU et qui a permis de comparer cet indice à la consommation d’énergie.

Une courbe qui exprime l’un en fonction de l’autre montre qu’il y a 3 grands groupes de pays.
Plus on consomme de l’énergie plus on se porte mieux.
Il ya une grosse tendance qui fait que plus on consomme de l’énergie mieux on se porte mais il y a un seuil à partir duquel l’indice n’augmente plus.

Accès à l’énergie,  développement, la sobriété de l’énergie

Pui vint le moment des questions réponses avec la salle, donc voici quelques réponses.

H.P. La démocratie a des limites dans la prise de décisions puisque les politiques sont la pour satisfaire leur électeurs et il est difficile d’aller à notre encontre (d’électeur).

H.P. : La prise de décisions sur nucléaire a été démocratique : Il rappelle que la décision de construire des centrales a été prise en France (après le premier choc pétrolier ??)  par un cabinet resserré et sans débat public. C’était démocratique car il y avait dans ce cabinet des gens élus. De plus quelques temps après les élections ont permis aux électeurs de sanctionner positivement ou négativement cette décision.

Anecdotique, E.R. racontait que dans son tour du monde elle avait rencontré un allemand antinucleaire qui lui expliquait que selon lui chaque régime avait sont énergie et que  “Le nucléaire c’est l’énergie des dictatures”.

H.P. est un personnage bizarre qui a une manière un peu hermétique de communiquer pour essayer de faire passer des idées pas inintéressantes mais pas forcément populaires. Du coup un spectateur énervé dans la salle l’a pris à parti sur son refus de considérer les énergies renouvelables.
Cette personne a fait remarquer à juste titre que les premières centrales n’étaient pas économiques.
Les intervenants ont reconnus cela et que c’est les politiques volontaristes de l’état qui ont permis cela. Effectivement au début l’électricité nucléaire coutait 3 fois plus cher que le charbon.

Les limites la dépendance :
0,1%  C’est ce que représente le solaire plus l’éolien dans le total de l’énergie consommée au niveau de la planète.

Il faudrait donc longtemps avec les énergies renouvelables pour remplacer une part importante des énergies actuelles.
Les scénarios les plus optimistes donnent en 2050  50% au niveau planétaire ce qui considérant le 0,1% actuel est en effet très optimiste.

Rappel sur le paquet climat : les 3 x 20 : cet objectif sera atteint après 2020.

HP : croit lui en la biomasse de 2° génération (à base de plantes complètes) et au réseau de chaleur.

Remarque sur l’augmentation du trajet domicile travail : nous avons maintenant un problème d’urbanisation et de droit des sols.
Le mode de vie américain est basé sur un pétrole peu cher. Et donc une prédominance de la voiture et un urbanisme intégrant de grandes distances.

Un spectateur (le même qui s’était échauffé qq minutes avant) a témoigné de son exp personnelle d’agriculteur a qui on a interdit de laisser vendre ses produits au bord de la route (route à grand passage quand même….) et de construire sa maison sur son champ : (distance domicile travail).

EN réponse H.C. a indiqué que tous les lieux qui mélangerait travail habitation et lieux de loisirs sont une réponse à la réorganisation nécessaire à la société.

Les énergies renouvelables produisent du CO2 si l’on prend en compte tout le cycle de vie des outils de production.
–    Eolien : 15 à 20 g de CO2
–    Le nucléaire 7Gr
–    Le photovoltaique : il faut 6 ans à une cellule de production pour annuler le CO2 nécessaire à sa construction. !!

Remarque sur les smart grids : Elles nécessitent des outils puissants, il faut une intelligence locale dans le lieu de production.
Demain les consommateurs auront une box électrique qui fera l’interface avec le réseau et sera capable de gérer l’activité électrique du foyer comme démarrer le sèche-linge au moment le plus opportun.

Les réseaux décentralisés comme cela ont un avantage : ils permettent de compenser les pertes faites dans les réseaux centralisés.

Les US et les japonais s’y intéressent et dépensent des milliards. Les européens semblent en retard et il n’y pas suffisamment de moyens en R&D sur le sujet.

Conclusion :
HC : Pour lui  nous allons vers 3 phases
La 1° phase : économie car c’est la plus rapide et la plus simple, puis en 2020 une 2° phase d’hybridation puis ensuite une 3° phase vers les nouvelles énergies.

ER : Conclue en disant que nous avons une responsabilité individuelle et chacun de nous peut apporter sa pierre.

HP :
Diminuons notre consommation d’énergie avant que les pays producteurs nous imposent une restriction. Puis nous devons contribuer à aider les Pays du Sud à réduire leurs émissions.

 

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