Aujourd’hui nous rencontrons Bernard Mezerette fondateur du cabinet MG Conseil situé à Lyon

(ARTICLE PARU EN MAI 2011 FAIT L’OBJET D’UN COMPLÉMENT EN FIN D’ARTICLE)

Cette entreprise a été fondée en 1988 et réalise des diagnostics et des études depuis sa création.

Aujourd’hui le diagnostic est devenu une activité prépondérante du bureau.

Le bureau compte aujourd’hui une douzaine de personnes :

  • 5 personnes ingénieurs ou techniciens qui travaillent sur les fluides.
  • 4 personnes compétentes sur l’économie de construction (les calculs de coûts)
  • 1 personne sur l’électricité
  • 1 assistante et 2 associés fondateurs.

Cet article fait partie d’une série consacrée aux prestataires de la rénovation écologique voir la note en fin d’article.

Le bureau est Maitre d’œuvre tout corps d’état c’est-à-dire qu’il peut superviser tous types de chantiers et évidemment il réalise des audits thermiques et des diagnostics énergétiques.

Bernard Mezerette ingénieur thermicien de formation forme les nouvelles générations et intervient à l’IUT sur les diagnostics thermiques.

Quel est votre vision du plan bâtiment ?

A mon avis cela reste au bon vouloir des syndics et des copropriétaires. Si la loi reste incitative sans volet obligatoire rien ne va se passer. Les copropriétés privées sont souvent de vraies passoires thermiques et sont en retards par rapport au parc public.

Il faut avoir un vrai savoir-faire pour les convaincre.  Je pense que le DPE obligatoire va les sensibiliser.

De l’autre côté les syndics vont devoir évoluer pour être force de proposition. Ils doivent développer une vision à long terme, mieux connaitre les procédures.

Mais le marché du syndic va évoluer. Je pense qu’une nouvelle garde va prendre la relève sur de nouvelles bases.

En plus les syndics ont des partenaires privilégiés qui ne sont pas les meilleurs entrepreneurs pour les travaux de rénovation thermiques. En effet ce sont des travaux encore particuliers.

De notre côté nous les BET (bureaux d’études thermiques) nous devons aller vers l’administratif et une meilleure connaissance des contraintes des copropriétés, des procédures juridiques des copropriétés, des mécanismes de subventions etc.

De plus nous rédigeons les cahiers des charges.

Vous parlez d’une uniformisation de la démarche. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Les subventions ont déclenché l’intérêt des copropriétés mais effectivement il y une sorte d’uniformisation de la démarche et une simplification du raisonnement qui empêche parfois de trouver les bonnes solutions. Chaque immeuble est spécifique et l’on ne peut reprendre systématiquement les mêmes recettes.

L’étude réglementaire TH-C Ex (NDLR : qui s’appuie sur un logiciel et un mode de calcul réglementaire) n’exclut pas une seconde étude traditionnelle (NDLR : traditionnelle dans le sens ou elle reprend une méthode appliquée auparavant dans le bâtiment.) qui permet un comparatif et donne une meilleure vision des faiblesses du bâtiment.

Bien sur il y a une conséquence financière. La double étude coûte forcément plus cher c’est pour cela que de nombreux BET s’en tiennent qu’à un seul calcul.

Dans nos rapports les indicateurs sont présentés de façons plus ludiques pour être accessible au grand public.

Les architectes et les maitres d’ouvrages voudraient des solutions toutes faites or il y a plein de possibilités du à l’évolution des techniques et d’utilisation des équipements (ventilation, chauffage, isolation). C’est une modification des prérequis de la conception du logement.

Exemple de rénovation :

Rénovation de façade polystyrène et revétement naturel. La Cuisine la salle de bains et les WC sont équipés de ventilation naturelle assisté.

Cette résidence est passé d’un niveau D à un niveau C. Le coût au m² n’est pas divulgué.

(CE PROJET FAIT L’OBJET D’UN COMPLÉMENT EN FIN D’ARTICLE)

Situation avant travaux

Situation avant travaux

Ventilation naturelle assistée
Situation avant travaux
Situation après travaux
Situation après travaux
Situation après travaux

Comment se passe la restitution ?

Nous faisons donc une présentation aussi didactique que possible.

Nous prenons quelques appartements de références avec une synthèse en euros et pas en KW/H.

Puis nous leur montrons modification par modification quelles sont les conséquences en terme énergétique et financiers.

Les gens ont une méconnaissance du sujet mais croient connaitre la thermique des bâtiments !

Cela mène à des positions de force à des tensions voir à des disputes.

A mon avis la copropriété est avant tout un problème de communication. Il faut savoir -ou arriver à – se mettre à la portée des gens.

De plus les copropriétaires ont tendance à penser en temps de retour or ce n’est pas à mon avis la bonne manière de considérer la situation. Je pense que l’objectif est de réduire la consommation d’énergie et la réduction des émissions de Gaz à effet de serre.

Pour cela je m’appuie souvent sur ce tableau du prix des énergies en KWh/H qui montre que l’électricité n’est pas forcément la bonne fée que l’on croit.

Le gaz reste compétitif au regard des différentes énergies.

Il faut regarder dans le détail les différentes tarifications et tenir compte des rendements des matériels.

Etre bureau d’étude pluridisciplinaire c’est un avantage ou un inconvénient ?

Je pense que c’est justement notre force. Le fait de faire de la maitrise d’œuvre ou l’assistance à maitrise d’ouvrage nous donne un retour d’expérience de ce qui marche ou ne marche pas de ce qui est faisable ou pas. On essaye de voir les incidences des solutions proposées sur les autres corps de travaux.

Les coûts sur lesquels nous basons nos hypothèses sont basés sur notre expérience des appels d’offres. Nous avons 20 ans d’expérience de réhabilitation de logements. Nous connaissons donc très bien les coûts.

Comment se réparti votre activité ?

80% public et 20% privés. Notre force c’est justement notre expérience de la construction et de la rénovation dans le monde des bailleurs sociaux. Grâce à cela nous savons ce qui marche ou pas et à quel coût.

Quel est votre vision du marché ?

Cela reste un marché difficile.

C’est souvent un désordre ponctuel qui déclenche la réflexion comme par exemple le ravalement.

Une fois le doigt dans l’engrange la réflexion devient plus globale avec une prise de recul sur l’isolation global, la ventilation et le chauffage.

Et pour terminer notre question habituelle.
Comment choisir un bureau d’études thermique.

  • Demander une liste à l’ALE ou à votre espace Info Energie.
  • Le BET doit savoir convaincre être pertinent et impertinent.
  • Je pense qu’un bon bureau d’études thermiques ne doit pas avoir peur d’imposer sa vision.
  • Dans le cas de gros travaux si la copropriété veut s’assurer avec une garantie décennale un contrat de maitrise d’œuvre (avec bureau d’étude et bureau de contrôle) est fortement recommandé.
  • Cela limite les intervenants car les assurances ne prennent en charge que ceux capables d’assurer la maitrise d’œuvre.

Nous remercions M. Mezerette pour son accueil :

Pour contacter MGPlus vous pouvez écrire à bmezerette (arobas) mgplus . fr

Addendum Juin 2014 :

Nous publions ici un complément à notre interveiw de MG Plus.

En effet nous avons été contacté par des copropriétaires de la résidence montrée en exemple qui souhaitaient apporter leur éclairage sur les travaux effectués dans le projet décrit ci-dessus.

 Pour commencer par les points positifs :

  • Le projet a entraîné une nette amélioration du confort et une vraie économie d’énergie.
  • Les économies de gaz ont représentés 30 à 40% en Kw/H consommés.
  • Et 80 à 85% des occupants ont déclaré ressentir un bienfait suite à ces travaux d’isolation.
  • Les travaux sur la façade ont été effectués avec des nacelles au lieu d’échafaudages pour faire baisser les coûts.

 Dans la rubrique des points d’amélioration :

 Mais les habitants ont rencontrés de nombreux problèmes liés à la ventilation. Le système de ventilation naturelle a été remplacé par une ventilation mécanique assistée.

Elle semble créer beaucoup de désagrément chez les occupants. Les gens se plaignent de trop de ventilation et les ¾ auraient bouché leur sortie de ventilation. Cela crée un déséquilibre dans les immeubles.

 La collaboration entre MG plus et les copropriétaires n’a pas été sans heurts.

Il est notamment reproché au cabinet de ne pas avoir restitué les résultats de son étude de manière suffisante, de ne pas avoir suffisamment expliqué et de s’être retranché derrière l’application des normes notamment pour répondre aux questions concernant les problèmes de ventilation.

Il lui est également reproché à auquel il n’est de ne pas avoir facilité la discussion avec les copropriétaires..

 De plus en il y a eu un certain nombre de problèmes électriques liés à la ventilation mais cela sort du cadre de l’étude de projet. Ces problèmes sont apparus après coup lors de l’exploitation. Nous ne les détaillerons donc pas.

Enfin les copropriétaires n’auraient pas reçu l’étiquette globale pour la performance du bâtiment contrairement à ce qui est exprimé au dessus.

 Au total néanmoins cette grosse opération a permis une nette amélioration du confort. Elle été assez précurseur car ce projet et a été réalisé il y a maintenant trois ans.

 

Note déontologique

– Cet article fait partie d’une série d’interview de professionnels du bâtiments et d’énergies renouvelables.
– Le point de vue présenté ne reflète pas forcément celui de la rédaction de VertDurable.
– La présentation de la société n’a fait l’objet d’aucune rémunération.
– Les liens vers les sites des professionnels ne sont pas rémunérés ou payants.
– Nous réalisons le choix des photos.
– Si vous êtes un professionnel de la rénovation « durable » et « nouvelles » énergies votre témoignage nous intéresse, contactez nous.

 

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